Comment se fait-il qu’un pouvoir qui défend de façon aussi déterminée la minorité qui accapare les moyens de production, des revenus et un patrimoine élevés puisse imposer sa politique comme le fait le tandem Medef – gouvernement sans rencontrer d’obstacle majeur ?
Qu’est-ce qui fait que les ouvrier.e.s, les employé.e.s et les cadres moyens qui forment la grande majorité de la population ne parviennent pas à imposer des mesures allant dans le sens de leurs intérêts en matière de salaires, de prix, de conditions de travail, de protection sociale, de service public et de droit du travail ?
Pourquoi une fois de plus, un gouvernement a-t-il réussi à passer en force sur la question des retraites contre l’immense majorité des 29 millions de travailleuses et travailleurs que compte la France?
Une classe dirigeante unie et organisée
La raison en est assez simple.
Même s’ils sont sociologiquement minoritaires, état et patronat font prévaloir leurs solutions parce qu’ils sont unis et organisés.
Le Medef dispose d’un pouvoir de lobbying puissant capable d’obtenir des normes peu contraignantes, des contributions fiscales avantageuses, des aides de l’état sans contrepartie et des profits sans limites.
L’état dispose d’un appareil répressif qu’il utilise comme une milice au service d’une politique inique qui fait la part belle aux intérêts privés.
L'état dispose de relais de communication puissants au sein de médias détenus pour l’essentiel par de grands groupes privés sympathisant avec l'extrême-droite.
La faiblesse de l’auto-organisation
Notre classe, celle des travailleurs et des travailleuses, n’est pas suffisamment organisée, pour faire face à leurs attaques, notre profession non plus.
Cela n’a pas été toujours le cas.
En 1945, quand les syndicats obtiennent la création de la Sécurité sociale, du système de retraite par répartition, la nationalisation de plusieurs compagnies pour les transformer en service public, 5 millions de salarié.e.s sont syndiqué.e.s contre moins de 2,5 millions actuellement. 30 % des salarié.e.s sont syndiqué.e.s en 1945, 20 % en 1968, 8 % en 2023.
En 2023, ce qui a fait défaut pour battre Macron et sa loi inique sur les retraites, ce n’est pas la volonté de s’y opposer, c’est le nombre .e.s de salarié.e.s présent.e.s en assemblée générale, c’est aussi le nombre de grévistes.
Des assemblées nombreuses et représentatives, c’est une condition indispensable pour construire des grèves majoritaires.
De telles assemblées témoignant de la vitalité du collectif donnent de l’énergie, de la confiance mais aussi de l’espoir en une victoire possible.
Alors qu’il fallait engager une confrontation de haut niveau, la grève générale reconductible jusqu’à la victoire, l’espoir n’était pas au rendez-vous dans le cœur de celles et ceux qui ne voulaient pas d’un nouveau recul de leur droit à la retraite. 94 % des salarié.e.s rejetaient cette contre-réforme, mais 70 % pensaient que la victoire n’était pas possible.
Renforcer le syndicalisme de lutte et de transformation sociale
Au quotidien et tout au long de l’année, le collectif est incarné par les organisations syndicales. Elles sont les seules capables de mettre des millions de salarié.e.s en grève et dans la rue. Ce sont elles et tout particulièrement les plus combatives qui réunissent les personnels, impulsent et fédèrent les mobilisations. Leurs militant.e.s tournent dans les services pour informer et proposer des actions, inciter les personnels à venir aux assemblées, discuter avec eux, leur proposer des stratégies d’action et s’efforcent de convaincre du bien-fondé de l’action collective.
Pour réussir cela, il faut du monde et nous en manquons cruellement même si le nombre des adhérent.e.s à SUD Éducation progresse chaque année.
Ces tâches sont incontournables. Pour vaincre, il faut construire un syndicalisme de lutte, de transformation sociale et de masse. C’est aussi cela qui donnera plus de poids à SUD Éducation et à Solidaires pour proposer une orientation plus offensive dans les intersyndicales et qui permettra de les mettre réellement en œuvre.
Alors comme celles et ceux qui par dizaines de milliers ont décidé depuis janvier de rejoindre une organisation syndicale,
syndiquez-vous et adhérez à SUD Éducation !