Epreuves anticipées du Bac en langues vivantes
Les collègues sont consternés et se demandent quoi faire, car ils doivent organiser eux-mêmes, pour leurs élèves les épreuves du Bac à l’oral : faire les sujets, faire passer les épreuves, et les noter : Une fois en février (compréhension orale), une fois en mai (production orale en interaction), pour 50% de la note du bac.
L'inspection refuse de valider les sujets; les
élèves sont très
inquiets (arbitraire,
différences entre
établissements et entre collègues...) et
les parents vont bientôt monter au
créneau quand ils vont comprendre le
truc. Les profs vont donc être directement exposés
aux recours, plaintes,
critiques et rumeurs sans aucune protection puisque personne ne va valider les
sujets....
Ne
pas tout réduire à une épreuve
ponctuelle terminale, qui fait jouer l’obtention
d’un diplôme sur un seul examen :
l’idée peut paraître
séduisante. Mais la
multiplicité des épreuves liées aux
différentes matières et l’existence
d’épreuves de rattrapage au
baccalauréat limitent déjà les risques
liés à
l’examen ponctuel. Et l’existence d’un
dossier scolaire de l’élève
présenté au
moment du jury permet une prise en compte partielle du
contrôle continu. Il y a
sans doute des choses qui peuvent être
améliorées en la matière. Mais avant
de
commencer à étendre un dispositif, le
Contrôle en Cours de Formation (CCF), il
vaut peut-être la peine de faire un bilan de son application
dans les lycées
professionnels, où il existe depuis plusieurs
années. Le bilan en est éloquent.
Bilan du CFF dans la voie professionnelle
Dans
la voie professionnelle, toutes les
disciplines sont concernées par la mise en place des CCF qui
désorganisent les
établissements et alourdissent la charge de travail des
personnels enseignants,
administratifs et de Vie Scolaire. Les difficultés
à coordonner les modalités
des épreuves pratiques, orales, écrites, sur
dossier, sur table, individuelles,
collectives, d’une durée variable, sont telles que
cela entraîne des situations
de souffrance au travail et un absentéisme record chez les
élèves. Les épreuves
de CCF réduisent d’autant le temps
consacré à l’enseignement.
Attaque contre les diplômes nationaux
À
l’encontre de toute notion
d’impartialité logiquement associée aux
modalités d’épreuves sanctionnant un
diplôme national, dans le cadre du CCF
l’enseignant-e élabore, organise, fait
passer les épreuves à ses propres
élèves qu’il note et certifie sans
aucun
regard extérieur. Comment, dans ce contexte,
évaluer en fonction d’exigences
nationales sans se laisser parasiter par des critères
« locaux »
comme par exemple, le niveau global de la classe et la nature
privilégiée de la
relation entretenue avec ses élèves ?
Une atteinte aux droits des salariés
Les
épreuves de CCF s’inscrivent dans la
logique du Livret Personnel de Compétences et de la loi
n°2009-1437 du
24/11/2009 relative à l’Orientation Formation
Professionnelle Tout au Long de
Attaques tous azimuts contre les langues
La globalisation LV1/LV2 se poursuit.
L’annualisation s’annonce dans les
collèges. L’actuel gouvernement ne revient
pas non plus sur le projet Châtel de porter à 50%
le CCF en LV pour le bac
général et technologique. La casse du cadre
national du bac est en œuvre. Rien
ne permet de croire que cela s’arrêtera aux
langues. Les discours sur le coût
trop élevé du bac actuel n’ont pas
cessé. L’enseignement des LV est en
difficulté, avec des groupes pléthoriques et trop
hétérogènes. Il serait encore
réduit puisque les épreuves de CCF devraient se
faire « dans le cadre
normal du cours » : chaque heure pour le
CCF sera une heure
d’enseignement en moins.