Education
prioritaire : la Réforme
accouche d’une souris !
1)
Les quelques améliorations
promises: seulement pour les ECLAIR !
Le
texte du ministère :
“Du temps sera dédié à la
formation,
au travail en équipe et au suivi des
élèves dans les réseaux les
plus
difficiles :
au collège : une heure et demie par
semaine
en primaire : 9 jours par an”
(mesure 7)
Un infirmier scolaire supplémentaire
dédié aux écoles et un assistant
social, dans les réseaux les plus difficiles
(mesure 14)
Une rémunération véritablement
attractive permettra de stabiliser les équipes de
l’éducation prioritaire. Dans
les réseaux les plus difficiles,
l’indemnité d’exercice en
éducation
prioritaire sera doublée et dans le reste de
l’éducation prioritaire, elle sera
majorée de 50%.” (mesure 9)
Les annonces du
Ministère le 16 janvier ne
doivent donc pas faire illusion.
Une grande majorité
des enseignant-es travaillant
dans l’éducation prioritaire ne seront pas
concerné-es par les quelques promesses
de cette réforme en terme de décharge de temps de
travail ( en primaire 9 jours
par an, en collège 1h ½ par semaine),
d’augmentation de la prime ou de
recrutement de personnels santé-sociaux
supplémentaires !
Seul-es les enseignant-es des
futur REP + (réseaux
les plus difficiles, actuels ECLAIR ?), soit 1/3 de
l’éducation prioritaire,
sont concerné-es !
EP +, les
2)
Les REP deviennent l’étendard de
l’école
libérale et managériale
“L’affectation
des
enseignants pourra avoir lieu sur la base du volontariat sur des postes
spécifiques (affectation au barème après
entretien et après avis de
la commission administrative paritaire)”. Mesure 9
La logique du
recrutement sur des postes
profilés c’est l’individualisation du
recrutement et de la carrière :
c’est la porte ouverte aux collusions
d’intérêts, à la soumission
aux
directives hiérarchiques et au pouvoir des chefs
d’établissement sur les
personnels.
“Afin
de donner aux réseaux une
souplesse financière pour mener à bien
des projets qui nécessitent du matériel
léger, l’intervention de partenaires ou
l’organisation d’évènements, chaque
académie disposera d’une ligne
budgétaire dédiée à
l’éducation prioritaire,
à mobiliser en fonction des projets.”
Mesure 11
Vous voulez de
l’argent pour votre école, pour votre
collège? Montez des projets. Vous n’êtes
pas assez “dynamiques”, vous ne voulez pas passer
votre temps à faire de la
paperasse et des réunions ? Tant pis pour vous, vous aurez
moins que les
autres. Ce qui est en jeu ici, c’est la
contractualisation des moyens
alloués par l’académie, dans le cadre
de la concurrence entre établissements.
En
réalité la réforme va empirer la
situation des salarié-es de
l’éducation prioritaire. En effet,
elle renforce le pouvoir de la
hiérarchie administrative en laissant la
possibilité au recrutement sur profil et
avec entretien. Elle contraint
les enseignant-es à faire toujours plus
de zèle pour que leur école ou
établissement garde ses moyens. La contractualisation de
moyens académiques est
inacceptable, car elle va mettre les établissements en
concurrence entre eux,
en suscitant toujours plus de pression pour les personnels. Pour
la réforme,
l’éducation prioritaire devient un
nouveau laboratoire de l’école
libérale et managériale,
avec son
cortège inévitable de souffrance au travail.
3)
La réforme: chantage à la pédagogie
(...celle du socle commun et du
tout-numérique !)
“Un
enseignant référent encadre
les élèves deux heures par semaine dans
des activités d’accompagnement
scolaire en ligne, individualisé et
interactif, fondé sur un disposi!f
numérique innovant. Un site ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures
sur 24
propose aux élèves de prolonger
l’accompagnement hors de l’établissement
grâce
à des ressources numériques accessibles
depuis son domicile.” (mesure 4)
Le
numérique recette miracle pour faire
réussir les élèves? Ou alors aubaine
financière pour l’industrie informatique?
Un logiciel remplace t-il des profs? Et quid du coût
d’accès à l’infor
matique pour les familles ? Quelle charge
de travail supplémentaire pour les enseignant(e)s? Quels
moyens, notamment
humains, alloués à l’installation et
à la maintenance de nos
réseaux vétustes?
« Des
experts de
terrain, pilotés par les corps d’inspection,
viendront conseiller les équipes et
animer les échanges.
Ces équipes de formateurs seront
partiellement déchargées de leur
service d’enseignement et bénéficieront
de formations de formateurs.”
(mesure 8)
La
formation entre pairs? On est pour.
Mais ici, c’est simplement un moyen en plus pour
l’inspection pour faire passer
ses “recettes miracles” censées
améliorer les conditions
d’apprentissage de nos élèves, et
contrôler qu’elles soient bien
appliquées.
“Un
pilotage renforcé à tous les
niveaux. Un
comité
de pilotage national permettra d’assurer la
cohérence et la continuité de la politique
d’éducation prioritaire. Un conseiller
technique sera nommé auprès de chaque
recteur et dans les départements
concernés par un nombre significatif
de réseaux. Au niveau local, les comités de
pilotage de réseau seront relancés
et chaque réseau disposera d’un
coordonnateur de réseau dédié,
recruté sur
profil. »
Des experts
toujours plus éloignés du
terrain viendront pour nous dire ce qu’il faut faire. La
solution aux
difficultés des ZEP viendrait donc de l’inflation
bureaucratique ! Ces “conseillers
techniques”, ces “coordonnateurs de
réseau” viendront nous expliquer que ces
difficultés viennent des pratiques pédagogiques
et non des seuils de classe...
4)
Les moyens déployés sont de toute
manière
insuffisants
“La
scolarisation des enfants de
moins de 3 ans sera progressivement assurée dans
l’ensemble des réseaux de
l’éducation
prioritaire” (mesure 1)
“chaque école en éducation
prioritaire bénéficiera d’un poste
« plus de maîtres que de classes
»” (mesure
2)
Les moyens
alloués à l’Académie de
Toulouse
pour 2014-2015, ne
parviendront pas à couvrir la hausse
démographique. De ce fait, les
heures allouées au “plus de maître que
de classes” comme à la scolarisation de
moins de 3 ans, risquent fort d’être
utilisées pour compenser le manque de
moyens. Et quels seront les moyens alloués pour
l’éducation prioritaire en
Aveyron avec une suppression de 4 postes sur le département
pour une hausse
d’effectif de plus de 50
élèves ?
Rien sur
les seuils de classe ! Rien sur les RASED ! Les
moyens mobilisés pour cette réforme sont
insuffisants !
Le Ministère ne
dégage en effet que 350
millions sur plusieurs années, dont 100 millions pour la
première année.
A titre de comparaison, le plan de modernisation du rafale financé
par l’Etat est de plus d’1
milliard. Et le gouvernement fait cadeau aux entreprises de 30
milliards
d’euros en supprimant les cotisations familiales, le
déficit devant être comblé
par une réduction des dépenses publiques. En
appliquant à la lettre le
programme du MEDEF, le
gouvernement a fait un choix politique. Et ce n’est
pas celui de donner des moyens
à l’éducation prioritaire.