Derrière la communication, une nouvelle attaque contre le LP

Réforme du lycée professionnel
vendredi 8 juin 2018
Le ministre de l’éducation nationale a présenté sa réforme de l’enseignement professionnel. Un bel exercice de communication à la grandiloquence ridicule qui augure d’un avenir désastreux pour le lycée professionnel. Cette propagande gouvernementale ne présage rien de bon pour les collègues et organise la casse des qualifications et des métiers pour les élèves. Blanquer annonce une filière d’excellence sans moyens supplémentaires. Pire, le gouvernement réalise des économies sur le dos des élèves qui ont le plus besoin de l’école publique. Retrouvez le décryptage des principales mesures.
Derrière la communication, nouvelle attaque contre le LP - 4 pages
Plan social en LP
Au moins 7000 postes supprimés
La réforme
prévoit la diminution d’environ 10% des heures
d’enseignement
donc autant de postes supprimés. Dans un contexte de baisse
des
postes ouverts au concours, de baisse des DHG des SEP et des LP pour
l’an prochain, de la volonté de réduire
le nombre de
fonctionnaires dans la fonction publique, le LP subit les coupes
sombres de la politique du gouvernement.
==> BAC PRO : les
horaires disciplinaires sont en forte baisse : -380h pour la
grille 1 et un peu moins pour la grille 2. C’est en moyenne 4
heures de cours en moins par semaine pour les
élèves.
==> CAP : les horaires disciplinaires sont aussi en forte baisse : -207h pour le CAP avec 12 semaines de PFMP et – 127h pour le CAP avec 14 semaines de PFMP. C’est en moyenne 3 heures de cours en moins par semaine pour les élèves.
Vers de nouveaux programmes
Toucher aux grilles horaires va s’accompagner d’une réécriture des programmes qui sera confiée aux entreprises. Certains savoirs vont disparaitre au détriment des savoir-être professionnels. à l’instar de ce qui s’est passé pour la formation continue et l’apprentissage, il s’agit d’assujettir toujours plus les LP aux entreprises privées : adaptation des contenus pédagogiques et des modalités d’évaluation certificative, généralisation des blocs de compétences à tous les diplômes pour le plus grand profit des entreprises qui pourront se contenter de blocs « utiles », regroupement de différentes filières afin de réduire le nombre de formations et les rendre plus généralistes (spécialisation par option à partir de la première). Choix en terminale d’un module de poursuite d’étude ou d’insertion professionnelle. Quant à l’obligation de co-animation français/ professionnel ou maths /professionnel, elle enfreint les règles de la liberté pédagogique et questionne sur sa mise en place.
Vers des secondes moins spécialisées
La réforme
prévoit de regrouper les spécialités
par famille de métier (une
quinzaine environ). On a vu le résultat d’un bac
pro trop
généraliste issu de fusions de
spécialités avec la GA (lire par
ailleurs). Après avoir supprimé le bac pro en 4
ans, il n’est pas
sûr qu’un Bac pro réduit à 2
ans soit de nature à renforcer le
diplôme des élèves.
La mise en place de secondes propédeutiques
est encore une attaque en règle visant la
professionnalisation des
métiers : déposséder les
travailleurs.euses de leurs
savoirs et donc de toute forme de pouvoir dans l’entreprise
afin de
toujours mieux asservir les salarié-e-s.
Sous prétexte de
préparer les élèves aux PFMP, la
priorité de l’année de
seconde sera désormais de rendre les futur-e-s stagiaires
bien
dociles, formaté-e-s pour l’entreprise.
3e prépa métiers
Les DIMA et les 3ème PREPA PRO sont fusionnées. Au-delà du changement de nom, cette classe pourra également être implantée en collège sans que le ministère ne précise qui y enseignera. Surtout, elle voit le nombre de semaines de PFMP augmenter significativement. C’est donc une nouvelle baisse du nombre d’heures de formation en classe par des professeur-e-s de l’éducation nationale pour des élèves qui n’ont pas encore atteint le lycée.
CAP en 1, 2 ou 3 ans
Cette annonce peut sembler être une bonne initiative au premier abord car elle permet à chaque élève de progresser à son rythme. Seulement, aucun moyen supplémentaire n’est donné. Il y aura donc trois types d’élèves dans chaque classe avec des progressions pédagogiques différentes. C’est sur le dos des élèves les plus fragiles que le gouvernement réalise des économies. De plus, les conditions de travail des collègues vont une nouvelle fois se détériorer.
Apprentissage
Les
élèves
pourront choisir en fin seconde, de continuer leur Bac Pro sous
statut scolaire ou en apprentissage. à la fin de la
première, la
même proposition sera faite aux
élèves.
Élèves et
apprenti-e-s voire stagiaires de la formation professionnelle
(formation continue des adultes) seraient réuni-e-s au sein
d’une
même classe au détriment de nos
élèves comme nous l’avons
déjà
constaté lors des différentes
expérimentations : alignement
du rythme des PFMP sur l’alternance des apprenti-e-s au
mépris du
bon sens, de toute logique pédagogique et même des
programmes sans
compter la difficulté pour les collègues de
gérer ces publics aux
profils si différents.
Avis de tempête en gestion-administration
Les
collègues enseignant dans les Bac Pro compta et
secrétariat ont
déjà beaucoup souffert lors de la fusion vers le
Bac Pro GA il y a
5 ans. Référentiels inadaptés,
reconversions,
Cerise-Pro...
Aujourd’hui, le gouvernement veut faire
payer aux PLP l’échec de sa réforme que
les organisations
syndicales avaient alors combattue. Il prévoit de supprimer
50% des
effectifs de la filière. Cela aura un impact direct sur les
enseignant-e-s de la matière et en premier lieu sur les
non-titulaires.
L’excellence sans un euro de plus
Bien au contraire
« L’excellence » en lycée pro ce sera pour quelques établissements vitrines triés sur le volet (les fameux « campus des métiers »). Pour la grande majorité des LP et donc des élèves et PLP ce sera :
==> Pas un euro de plus pour les établissements et au contraire la suppression de la taxe d’apprentissage (TA).
Certes, la TA était source d’inégalités d’un établissement à l’autre. Mais la supprimer purement et simplement revient à couper les vivres aux établissements. Le gouvernement doit s’engager à la compenser sous peine de voir supprimées les interventions extérieures et les sorties pédagogiques c’est-à-dire ce qui favorise l’ouverture sur le monde.
==> Pas un euro de plus pour les PLP.
Toujours pas de pondération, pas de retour de l’indemnité de CCF. Les PLP vont rester en bas de l’échelle des salaires. Sans compter que les LP sont toujours exclus des classements de l’éducation prioritaire.
Sous le doux nom « d’Action publique 2022 » le gouvernement a annoncé un plan de dynamitage de la Fonction publique : plan de départs volontaires, suppressions de postes, recours accru aux contractuel-le-s, maintien du gel des salaires, rémunération au mérite, remise en cause du statut et du régime de retraite... Au mépris pour les fonctionnaires s’ajoute une volonté de brader les services publics qui sont pourtant le bien commun de la population et permettent d’organiser la solidarité. Cette réforme de l’enseignement professionnel s’inscrit donc complètement dans cette démarche avec la suppression d’au moins 7000 postes de professeurs sur les 120000 postes de fonctionnaire à atteindre. à cela s’ajoute le projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et la réforme de l’apprentissage. La politique du gouvernement est très claire : il faut détruire le lycée professionnel.